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Par NCK!

NCK!

2 ans plus tard : que reste-il d'une passion brisée?


Petite, j'aimais les chevaux. Une fois, à l'âge de deux ans, ayant aperçu deux gigantesques percherons qui tiraient une carriole, je me suis élancée sur mes deux jambes potelées dans une course effrénée en leur direction. Heureusement, ma grand-mère a freiné mes ambitions en me prenant dans ses bras. À défaut de passer sous le ventre des chevaux, j'ai pu leur caresser le museau.

Enfant, si j'avais de bonnes notes, mes parents m'envoyaient au camp de jour du poney-club durant les vacances. Durant trois été, pendant une ou deux semaines, je côtoyais les poneys tous les jours, à mon plus grand bonheur. Pour mon dixième anniversaire, mes parents me payèrent mon premier cours d'équitation dans un centre équestre. Pendant des années, chaque semaine, je me rendais à l'écurie pour apprendre l'art devenir bonne cavalière. Comme je n'étais pas une enfant compétitive, je dus changer d'écurie à quelques reprises, mais du moment où je pouvais passer du temps auprès des chevaux, cela me convenait. Enfant unique, j'étais une gamine très réservée qui avait peu d'amis. Les animaux me comprenaient mieux que les autres enfants.

À quatorze ans, mes camarades de classe et moi-même n'étions pas toujours sur la même longueur d'ondes et je me retrouvai de plus en plus isolée. Un jour, je piquai une crise (ce que je faisais qu'en de rares occasions), déclarant que j'étouffais. Quelques temps plus tard, je tombais sur une annonce d'une fermette à vendre et la montrai à mon père. Nous visitâmes finalement la fermette en question, et, au printemps suivant, nous déménagions, je n'avais pas un, mais deux chevaux dans ma cour, et, à la fin de l'année scolaire, j'allais changer d'école. Brusquement, ma vie changeait du tout pour le tout.

Je vécus des moments magiques avec mes deux juments. Je pouvais les monter quand je le voulais, les voir quand je le voulais. J'avais un entraîneur qui venait à la maison me donner des cours privés de temps à autres, je pouvais partir en ballade lorsqu'il faisait beau, nous habitions une belle maison avec un très grand terrain. Lorsque mes parents achetèrent la fermette, l'entente était que j'assumais la responsabilité des chevaux. Je devais les nourrir matin et soir, m'assurer que l'abreuvoir était plein, nettoyer l'écurie, l'enclos, brosser les juments, leur faire faire de l'exercice, appeler le forgeron pour la trime, appeler le vétérinaire pour les vaccins, appeler le livreur de foin. Moi qui rêvais depuis mon enfance d'avoir des chevaux, j'étais prête à tout, mais j'étais jeune à l'époque, et pas tout à fait consciente de l'ampleur de la tâche.

Rapidement, je me rendis compte qu'aller à l'école à temps plein, faire mes études, travailler à temps partiel et m'occuper des chevaux n'était pas de tout repos. Pour mes parents, avoir de bonnes notes à l'école restait la priorité numéro 1. Je devais donc étudier d'arrache-pied pour avoir de bonne notes (au-dessus de 90%), travailler pour payer une partie des dépenses liées à la ferme et m'occuper des chevaux. Lorsque je ne montais pas mes juments pendant un moment, on me le reprochait; si je n'avais pas de bonnes notes, on exigeait que je consacre davantage de temps aux études. Lorsque je voulais aller chez une amie, mon père me rappelait que j'avais des responsabilités à la maison. Depuis que nous avions des chevaux, nous n'avions pratiquement plus de vie sociale, ni mes parents ni moi, et les relations familiales étaient de plus en plus tendues. Les rares fois où je passais du temps avec mes copines, elles venaient presque tout le temps chez moi.

Pendant près de quatre ans, je ne quittai pratiquement jamais la maison, à part pour aller à l'école ou travailler. Moi qui était de nature solitaire, je me mis à souffrir de la solitude de la campagne. Moi qui rêvais d'aventures, de découvrir le monde, je me retrouvais cloîtrée chez moi, loin de tout. Pour couronner le tout, j'ai souffert pendant des années d'arthrite juvénile, ce qui m'a valu plusieurs visites à Ste-Justine pour toutes sortes de tests jusqu'à l'âge de dix-huit ans.

Résultat : burn out.

Peu à peu, ma passion s'est fanée jusqu'à se flétrir en dégoût. La ferme est devenue ma prison, mes juments, mes geôlières. J'en vins à ne plus les monter du tout, ayant de moins en moins l'envie de m'en approcher. Consciente qu'elles méritaient mieux, je pris une décision, probablement la première décision vraiment importante de ma vie : pour nous, le temps était venu de nous séparer.

Les chevaux sont partis et avec leurs départ, j'exécutai ma sortie du monde équestre. Pendant des semaines, toutes les affaires sont restées dans l'écurie pêle-mêle jusqu'à ce que je me décide à finalement faire ce qui devait être fait. J'ai d'abord voulu me débarrasser de tout ce qui avait rapport de près ou de loin avec les chevaux. Après réflexion, j'ai décidé de conserver une petite place pour mes bouquins en lien avec l'équitation dans un coin de ma bibliothèque. Brides, selles, couvertes, bandes protectrices ont été nettoyées puis rangées dans des boîtes, rangées dans le fond du garde-robe. Mes vêtements d'équitation sont proprement pliés dans un fond de tiroir.

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Deux ans ont passé. Cette année, j'aurai vingt ans. J'habite sur une ferme où l'écurie et la grange ont été transformés en remises, où les prés sont déserts. J'ai arrêté les cours d'équitation, je ne monte même plus à cheval. Je n'ai pratiquement jamais remis les pieds dans une écurie et j'évite en particulier de faire un tour dans la mienne. Je viens de commencer mes études universitaires que j'essaie de concilier avec un emploi à temps partiel parce que le coût de la vie n'est pas gratuit. Une fois mon diplôme en main, je compte parcourir le monde pour m'émerveiller de sa beauté, puis me trouver un boulot qui me plait, un petit chez moi chaleureux et, peut-être, retenter l'aventure... celle d'avoir un cheval à moi.

Peut-être ne suis-je pas une vraie passionnée par les chevaux. Si j'avais été assez forte, j'aurais trouvé un moyen de consacrer du temps à mes études, à mon travail et à mes juments, non? Aujourd'hui, je peux néanmoins étudier à mon rythme, travailler sans m'éreinter, me maintenir en forme physiquement et avoir une vie sociale épanouie. À défaut d'avoir les moyens de posséder mon propre cheval, de me payer des cours d'équitation ou une demi-pension, je pense pouvoir dire avec une certaine fierté que je mène une vie saine et que je ne regrette pas les choix que j'ai pris.

Je ne sais pas si je retrouverai la passion qui m'animait jadis lorsque j'étais enfant. À cette époque, j'étais insouciante, ne pensant qu'à m'amuser et à rêvasser à la vie merveilleuse que j'aurais lorsque je serais grande. J'ai l'impression que cette passion de jeunesse, naïve et enfantine est à jamais révolue, mais les chevaux m'ont certainement appris trois grandes leçons de vie:

1) malgré nous, les rêves diffèrent parfois de la réalité;
2) une passion peut être la source d'une joie immense comme d'une grande souffrance;
3) pour le bien des autres et de soi-même, il faut parfois faire des sacrifices, voire même renoncer à ses rêves.

Pour moi, le cheval a toujours été un symbole de liberté. Voir un cheval s'ébrouer et galoper dans un pré m'a toujours profondément émue, encore aujourd'hui lorsque je roule en voiture en campagne, même si je ne les côtoie plus.

De temps en temps, je pense à mes juments Finesse et Mam'zelle, qui garderont toujours une place spéciale dans mon coeur. Peu importe où elles se trouvent maintenant, tout ce que je leur souhaite, c'est de mener une belle vie et d'avoir beaucoup d'amour.

Parfois, la nuit, je fais ce rêve où je rencontre un cheval qui me fait voler à travers forêts et vallées, me faisant sentir complètement libre et en harmonie avec l'univers.

A/N: l'intention de ce texte n'est pas de décourager qui que ce soit de vivre sa passion à fond. j'avais surtout le goût de partager cette réflexion avec des gens qui sont passés par des dilemnes similaires. avez-vous dû mettre votre passion de côté pendant une longue période? avez-vous réussi à retrouver votre passion?

Par Emi_Bonie

Emi_Bonie
Superbe texte, qui porte à réflexion!
Je te comprends amplement!
Ayant rêvé toute ma jeunesse d'avoir ma fermette et mes chevaux, j'ai pu concrétiser ce rêve à 28 ans.
Maintenant presque 5 ans plus tard, je réalise l'ampleur de la tâche.
Toutes mes économies y passe.
Mais le plus triste, c'est que je suis seule dans ma passion, car ni mon conjoint ni mon fils ne semble s'y intéresser. Je n'ai pas d'amis avec qui partager de bons moments à cheval. Je n'ai personne à qui raconter mon dernier entrainement qui puisse réellement comprendre de quoi je parle, sauf ma coatch... La solitude est pire que le manque d'argent et de temps... ma passion s'éteint peu à peu. Mais je continue, j'essaie de me motiver.
Le soir quand je ferme les yeux, et que je m'imagine galoper en forêt, je ressens de nouveau cette ivresse et ce sentiment de liberté qui me faisait rêver avant.
Mais il faut avouer que la légèreté des rêves d'enfants s'effaces un jour!

Par Meryleen

Meryleen
À mes yeux, le simple fait que tu aies pris le temps d'écrire ce merveilleux texte démontre à quel point tu es passionnée.

En prenant la décision de vendre tes chevaux, tu as montré du courage et du réalisme. Tu manquais de temps et n'étais plus heureuse dans la vie que tu menais, alors ton choix était tout à fait justifié. Pour avoir moi-même délaissé les chevaux entre 17-20 ans, je comprends très bien qu'à cet âge là on a souvent envie de faire autres choses que de passer ses soirées à ramasser du crottin, lol.

La vie est une série d'étapes au cours desquelles nos goûts, nos aspirations et nos motivations peuvent changer. On ne sait jamais ce que le futur nous réserve.

Pour avoir lu plusieurs commentaires que tu as écrits sur le forum au moment où tu pratiquais l'équitation, je serais très surprise que tu ne retouches plus jamais à l'équitation! Mais si telle est ta décision, il n'y a aucun mal la dedans. L'important es que tu prennes les décisions qui te rendent heureuse

P.S. RN-poney: Je ne suis pas d'accord avec ta catégorisation Je ne crois pas que de donner du foin à volonté à ses chevaux et de les monter 2 fois par années soit de la négligence, au contraire! Les chevaux qui vivent en troupeau avec nourriture à volonté sont les chevaux les plus heureux du monde! Les chevaux ne sont pas nés pour être montés, au contraire, c'est l'humain qui en a décidé ainsiCe n'est parce qu'ils ne travaillent pas qu'ils sont malheureux. Et je fais problablement partie de la catégorie c) étant maman de deux jeunes enfants et m'occupant seule de mon écurie et pourtant... je n'échangerais cette vie pour rien au monde! ;)

Par Meryleen

Meryleen
C'est sûr que si tu parlais de chevaux qui ne sont montés que 2 fois par année mais sans prendre en considération leur forme physique (exemple randonnée de trois heures!), dans ce cas je suis d'accord!

Par Mary&Azera

Mary&Azera
Bonjour NCK,

je me souvient de toi . Le temps passe vite .

Je me rappel d'avoir reconnues tes juments en vente ici même je croit ds les petites annonces

Tu écrit tjrs aussi bien il est bon de te lire

Ne te pose pas trop de question et laisse le temps faire son œuvre

Bon retour

Bon je décide de Editer lolll

Il sen ai passé des choses depuis pour moi aussi
J'ai acheté ma fermette avec mon chum et en 2 ans il ya eu bcp bcp d'évolution...

Jai la chance d'avoir un conjoint qui s'intéresse et qui est autant sinon plus impliqué que moi ds les tâches ... On début on nourrissait matin/soir les chevaux au 4 roues avec un trailer... 500 pied de distance pas de chemin sur le gazon... maintenant on a un tracteur (avec un chemin en garnotte ) nourrit en balle ronde 1 fois semaine ...

Mes chevaux sont au champs 24/24 apart l'hiver saison froide je ramasse les crotins il ya peu je me suis trouver une demi (ce que je pensait jamais ds mon coin perdu ) qui m'aide grandement

Avant d'entamer ce projet la proprio de l'écurie ou j'étais mavait parler de nous donner un bon 2 ans le temps de trouver notre routine etc...et elle avait raison ! Mais le jeux en a valu la chandelle

Par equestria

equestria
Je fais une petite mise à jour

Récemment, quelqu'un m'a demandé ce MOI, j'aimais le plus au monde.
Les larmes aux yeux, j'ai répondu : monter à cheval.

Cette personne m'a demandé pourquoi et je lui ai expliqué. Le rêve de petite fille qui était devenu un cauchemard, la vente de mes juments, la tristesse qui s'est ensuivie. Les études universitaires qui rhyment avec manque de temps et endettement.

Alors elle m'a dit : "même si tu montais une fois aux deux mois, ce serait toujours mieux que ne pas monter du tout."

Suis-je prête à reprendre ma passion là où je l'ai abandonnée 4 ans plus tôt? Je suis rentrée chez moi et j'ai fait ce que j'avais à faire : tourner la page d'un chapitre pour en écrire un nouveau. J'ai ouvert mon ordinateur et j'ai enfin trié toutes les photos de mes juments pour n'en garder que les plus belles. En regardant en ordre les photos des 3 années où je les ai eues, je me suis rappelée le petit bout de chemin que nous avons fait ensemble. Je me suis rappelée surtout les beaux moments. On dit qu'avec le temps, la douleur part et seuls les beaux souvenirs restent... J'ai encore un petit pincement au coeur, mais je suis prête à en créer de nouveaux. .

La vie est dure, parfois. Récemment, j'ai appris que mes parents allaient divorcer et vendre la fermette. C'est vraiment un chapitre qui est en train de se clore. Mais remonter à cheval, ça me donne la force pour aller de l'avant. Et je suis plutôt bien tombée. J'ai trouvé une demi-pension abordable sur un cheval de 9 ans du nom de Zeus, qui (oh hasard) était le tout jeune cheval qui venait d'être débourré et que j'ai monté pour ma toute première compétition il y a 5 ans. Je suis allée le monter dimanche dernier et quelle joie cela a été d'être en selle après tout ce temps! Zeus c'est assagi avec les années et est devenu un cheval d'expérience, calme et posé. Pour l'instant, je recommence doucement en le montant une fois aux deux semaines mais si tout va bien, je pourrai peut-être le sortir en compétion l'été prochain. Ma coach a accepté de me prendre dans l'équipe si je suis 1 cours par semaine. Je n'ai pas de folies à faire, mais en planifiant bien mon budget, j'en ai juste assez.

Comme quoi, on n'a pas toujours ce que l'on veut, mais parfois, on a ce qu'on mérite.

Par Olane18

Olane18
C’est un très beau texte .
Je mereconnait à plusieurs reprises dans ce texte , je suis au milieu de mon secondaire et il est parfois difficile de jongler entre ma passion et l’école , en plus , mes parents veulent que je me trouve une job pour payer en partie mon cheval . Pour le moment , si je suis parfaitement à mon affaire et organisé ça passe , mais à chaque fois que je laisse un peu aller , ça fini avec une soirée de devoir jusqu’à1h du matin en panique, il n’y a aucune place à l’erreur . J’apprehende le cégep qui a ce qui parait demande beaucoup de travail . je ne sais pas si je vais y parvenir mais ça reste que dans mon cas , ma passion passe avant tout et je serais malheureuse sans les chevaux , mes fins de semaines passés à l’écurie est mon carburant de bonheur pour le reste de ma semaine , c’est les seuls moments où je peux délaissés toutes mes préoccupations et ma vie stressante pour ne rester que moi et mon cheval .