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Par noufra

noufra

Orgueil, résistance ou instinct de survie?


Certains d’entre vous ont peut-être déjà lu des post sur ma jument et son trouble neurologique. Quoiqu’il en soit, j’ai dû prendre l’ultime décision que je repoussais depuis 2 ans et la laisser partir le 8 novembre dernier… Ce fut extrêmement difficile, mais son trouble était devenu trop envahissant et ce que je redoutais le plus arrivé : elle est tombée et s’est gravement blessée. Blessure nécessitant chirurgie à St-Hyacinthe selon ma vet. J’ai dû me résoudre à la laisser partir. Encore aujourd’hui, je ne le réalise pas. J’ai encore l’impression qu’elle broute tranquillement dans son champ… Elle me manque terriblement malgré cette espèce de déni dans lequel je suis.

Ce qui m’amène à me poser des questions est que malgré une blessure importante au canon qui devait être très douloureuse, elle boitait à peine. Toutefois, lors de l’euthanasie, dès que le tranquillisant lui a été donné, je n’avais jamais vu ma jument démontré autant de douleur : elle n’arrivait plus à se tenir sur ses postérieurs. Balançait d’un pied à l’autre, sur le bord de tomber… C’était tellement éprouvant de la voir ainsi, mais cela m’a confirmé que je l’avais amené au bout de sa bataille. En repensant à tous mes souvenirs, j’en suis venue à me demander si elle était résistante et ne ressentait pas assez de douleur pour boiter ou bien était-ce de l’instinct de survie ou encore, simplement de l’orgueil? L’orgueil est-il un comportement cheval?

Calypso a toujours été une jument qui me semblait orgueilleuse. Elle tolérait peu ma présence au début et m’a demandé 1 an avant de m’accorder respect et confiance. Et encore, aucune marque d’affection de sa part si nous n’étions pas seules… En tête à tête, je pouvais m’asseoir contre elle lorsqu’elle était couchée ou prendre sa tête dans mes bras pendant plusieurs minutes. Toutefois, dès que quelqu’un d’autre était présent, elle détournait la tête et allait même jusqu’à se mettre dos à moi et m’ignorer. Autre exemple, lorsque je lui ai montré les pas de côté, des amis applaudissaient beaucoup sur le bord du manège et m’encourageaient. Résultat, dès qu’on était à l’arrêt dans le manège et qu’il y avait des gens pour nous regarder, mademoiselle sortait les pas de côté haha

D’autre part, elle a toujours été très combattive lorsque des tranquillisant lui étaient administrés donc j’ai été très surprise de la voir « céder » si facilement ce jour-là. Cela m'a convaincu qu'elle était vraiment souffrante. Aussi, les autres chevaux s’étaient mis à la chasser intensément dans le pacage, même la jument dont elle était inséparable il y a encore quelques semaine. Ce fut d’ailleurs l’un des signes qui m’a clairement indiqué que je devais arrêter de repousser ce choix déchirant.

Donc voilà, par besoin de parler d’elle et par besoin de savoir, je me demandais si l’orgueil était à ce point possible chez un cheval, voir possible tout court? Est-il possible qu’elle tentait de camoufler sa douleur par instinct de survie, pour se protéger des autres? Ou était-elle simplement plus résistante et tolérante à la douleur?

Ma grande demoiselle noire a enfin vu ses ailes d’ange pousser le 8 novembre 2012 et je n’arrive pas à m’y faire malgré que je sois sereine avec ma décision. Réfléchir à elle m’aide à passer au travers…

Bref, que pensez-vous : orgueil, résistance ou instinct de survie?
Orgueil, résistance ou instinct de survie?

Par Shawleen

Shawleen
cest triste, mais tu t'en es occupé impeccablement malgré son probleme (toujours inconnu ?), peu de gens aurait faire pareil. Je te lève mon chapeau ! pour ca et aussi pour avoir su la laissé partir le moment venu.

Bref, sinon moi je pense a une sorte d'habituation peut être ? Mais je ne crois pas que cela puisse être par orgueil ... la 'résistance' mais semble aussi plausible, cest vrai que pour une meme douleur entre 'humain' on réagit différemment.

Par Leena

Leena
Je pense qu'il y a des chevaux batailleurs, dans le sens qu'ils sont des guerriers.

Ça prend des guerriers pour gagner. Un vet me disait un jour qu'un cheval qui a du coeur va se blesser un peu, va aller au-delà de ses limites.

Ta jument avait donc du coeur, était guerrière.

J'ai vu des chevaux avec des grades 7 naviculaire sans aucune boiterie, un autre avec une narine incarnée et se traîner (une image plate mais vraie)

J'ai vu des chevaux se blesser volontairement pour en finir. J'y crois profondément.

Je te souhaite de traverser ce deuil et d'apprendre aussi de cette expérience. C'est ainsi que l'on quitte des amis.

Par noufra

noufra
Merci de vos avis et de vos encouragements.
Je crois aussi que Calypso était une guerrière inébranlable. En reconsidérant mon parcours avec elle, je pense que j'ai réappris l'équitation de A à Z, la vraie équitation, celle où tu dois faire corps avec un être à part entière que l'on doit convaincre de notre juste valeur. Je suis persuadée du bienfondé de ma décision. Mon seul doute à travers les dernières années fut le "timing". Le temps n'était pas venu pour moi, mais il était venu pour elle. Pour qu'elle se laisse aller ainsi, j'en suis convaincue. Je me surprend même à penser que j'ai repoussé ses limites peut-être un peu plus loin qu'elle ne l'aurait fait elle-même. J'étais un peu aveuglée par mes propres sentiments.

Si l'orgueil est typiquement humain, je verrai tout de même toujours en elle une jument très fière qui ne s'est pas laissée pas conquérir aisément. Elle était probablement juste plus tolérante que la moyenne, plus forte. Je ne comprends pas que de tels symptômes aient pu s'attaquer à une jument si combattive...

Je sais que je vais grandir au travers de ces épreuves, mais il reste que là, tout de suite, je me fous des apprentissages que je vais en tirer. Elle me manque. Point. Mais je sais que le temps me permettra de voir les évènements sous un autre angle.

Par Lollipop17

Lollipop17
L'euthanasie est toujours un choix déchirant... toujours ce questionnement qui nous hante.

Dans mon travail (urgences animales) j'ai eu a dealer avec une quantité incroyable d'euthanasies mais aussi avec un nombre incroyable d'acharnement médicaux.

Nous ne sommes que très rarement prêts à les laisser partir parce que ce type de décision est lourd de conséquence pour les humains que nous sommes.

Je pense et penserai toujours que l'euthanasie d'un compagnon malade, vieux ou grièvement blessé est un choix d'amour, le choix de laisser partir un ami dans le respect et la dignité (chose qui nous est souvent refusé à nous les humains). C'est loin d'être le choix le plus facile mais libérer un ami de ses souffrances est la plus belle façon de le remercier à mon avis.

J'ai connu Calypso, je sais combien tu l'aimais et combien elle était forte, je suis certaine que ton choix est absolument légitime et qu'elle t'a envoyé le signe que tu attendais dans tes propres questionnements. Tu peux être en paix avec ton choix, tu lui a donné 1000 fois plus que n'importe qui l'aurait fait et elle te l'a rendu au centuple. Votre aventure ne se termine pas puisque ce qu'elle t'a appris tu vas l'offrir à d'autres et ainsi perpétuer son souvenir par tes acquis.

Par noufra

noufra
Merci beaucoup pour tes bons mots! Il m semblait bien qu'on devait se connaitre. J'avais lu ta description des 2 dernières écuries où tu étais et je me disais que c'était assurément les mêmes que moi, mais je n'avais jamais pris le temps de regarder ta photo et celles de Lancelot hihi Mais merci, je sais que tu m'as vu tenter de gérer les difficultés au quotidien donc ce que tu écris me touches vraiment beaucoup.

Par Lonx

Lonx
C'est une très belle histoire que tu as crée noufra. Celle de ta jument, toi et son problème neurologique.

Wow! À lire tes écrits, franchement je t'admire pour avoir crée un univers aussi merveilleux pouvait-il être pour ta jument, car
comme les autres on dit, très peu nombreux sont le gens qui se seraient "donné la peine" de faire tout ce que tu as fait...
Le dévouement, le courage, la paix véhiculé au travers tes mots pour ta jument se font sentir.

La situation présente est certe difficile, mais la combativité de ta jument et la tienne aussi te restera à vie.